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Marie-José, konnectrice pour Kodiko à Tours

Un portrait

Témoignage de Marie-José Colmaire, konnectrice à Kodiko Tours

Marie-José Colmaire, retraitée, est konnectrice pour Kodiko où elle a suivi deux promotions. Issue d’une carrière très diversifiée, son expérience a servi tout au long de ses accompagnements.

Sa vie professionnelle a débuté avec les crédits immobiliers, mais l’accompagnement et la formation de personnes étrangères a constitué un cheval de bataille pour elle peu après, puisqu’elle s’est occupé d’étrangers ayant obtenu des bourses de l’UNESCO.

Elle s’est ensuite occupée de la formation professionnelle d’adultes. Suite à cela, son parcours professionnel s’est orienté vers le nettoyage industriel, la construction de maisons et Marie-José a fini sa carrière dans la recherche aéronautique, en lien avec la Commission Européenne, et des partenaires industriels comme des universitaires.

"J'ai toujours aimé aider les personnes à trouver un emploi ou à trouver la formation qui leur convenait."

Sa rencontre avec Kodiko

Tourangelle d’origine, elle retourne à Tours à la retraite, et s'investit vite dans la vie locale:

“Au départ, je n'avais pas Internet donc j'allais dans un club où venaient les demandeurs d'emploi pour voir les annonces de Pôle Emploi, et un jour je leur ai dit que j'aimerais bien aider les demandeurs d'emploi au travers d'un réseau.
Relais amical Malakoff Médéric, aujourd’hui appelé Relais amical qui fait notamment toute une action… J’y suis bénévole depuis 2009 et puis l’année dernière, j’ai lu un article sur Kodiko dans le journal local, la Nouvelle République.
J'aime bien surveiller les nouveautés qu'il y a, et j'ai vu que Kodiko recherchait des bénévoles... Je me suis dit que c'était quelque chose qui m'intéresserait, j'ai donc envoyé un mail à l'adresse indiquée et présenté ce que j'avais fait depuis 10 ans. Dès le lendemain j'avais une réponse m'invitant à une réunion.”

Marie-José a tout de suite commencé avec une promotion en avril 2019, et a suivi deux binômes. Malheureusement, les deux personnes qu’elle suivait se sont démotivées. Elle ne s’est pas découragée pour autant, et a recommencé avec une nouvelle promotion, qui s’est terminée il y a peu. Et cette fois-ci, l’aventure a mieux fonctionné pour les personnes qu’elle suivait.

“J'étais konnectrice, et nous avons eu la chance: Kodiko a eu la connaissance d'un poste de secrétariat pour une des bénéficiaires de cette promotion, sur une nouvelle plate-forme qui s'appelle Route 37, mise en place par Entraide et Solidarité et qui veut par le biais de cette plate-forme coordonner l'action de différentes associations pour les réfugiés politiques."

Elle a donc encadré Viviane, la cinquantaine, qui avait fait des études de secrétariat au Congo. Elle avait ensuite travaillé pour son mari. Elle est arrivée en France avec deux enfants, et faisait des ménages pour survivre.

Elle a du vite agir, aidée par Marie-José et Lise, sa binôme. Route 37 recherchait en effet un.e secrétaire depuis quelques temps déjà :

“Milena [cheffe de projet à Tours] nous a passé l’information, puis la salariée qui suivait Viviane et moi nous nous sommes coordonnées pour l'entraîner. Nous lui avons donné rendez-vous. L'akompagnatrice de Viviane était responsable RH des ingénieurs à la SNCF, donc elle lui a posé des questions d'embauche. Cela a un peu désarmé Viviane.
Nous savions que le rendez-vous était quelques jours plus tard, il fallait donc trouver un moyen d'améliorer les choses. J’avais l’expérience de cela, puisque je fais passer des simulations d'entretiens d'embauche avec le Relais amical. J'ai dit à Viviane qu'on se redonnait rendez-vous le lendemain ou le surlendemain.
Au départ, j'ai essayé d'expliquer à Viviane tout ce qu'il y avait dans le poste, parce qu'il y a forcément des mots qui pour elles ne sont pas parlants, expliquer ce que service civique signifiait, comment présenter son travail, comment ça allait se dérouler, etc. Ensuite, je l'ai un peu aiguillée sur des réponses à donner à des questions. Là, elle a pu se libérer.
Une chose l'inquiétait : ses connaissances de Word et d’Excel. Nous nous sommes donc redonnées rendez-vous pour voir ce qu'elle savait faire. En fait, cela lui a ravivé ses connaissances, et cela lui a redonné confiance. Elle a vu évidemment qu'il fallait qu'elle s'entraîne, mais je lui ai dit que s'il fallait qu'elle s'entraîne, je serai là. Lise [l'akompagnatrice] et moi lui avons dit que nous estimions qu'elle avait les capacités pour le poste. Finalement, l'entretien s'est bien passé, et deux jours après on lui a dit qu'elle était retenue.
Quand elle m'a appelé pour me l’annoncer, elle avait le soleil dans la voix.
Là, il y a eu une coordination très serrée de Milena, l'akompagnatrice et moi, et ça a fonctionné."

Pour Marie-José, l’accompagnement des binômes est très variable en fonction des personnes. La notion de konnecteur n’est pas toujours la plus évidente à cerner, mais la réactivité de l’équipe lui a permis d’apprécier son expérience avec Kodiko:

“Le konnecteur doit agir sans agir, c'est un peu compliqué.
Ce qui m'a plu, c'est le dynanisme de Kodiko à Tours avec Milena et Elvira qui perpétuellement font évoluer les choses, et ça j'aime bien. Souvent, dans des associations il manque un peu de dynamisme. Moi, je suis plus âgée et finalement j'y trouve ma place. Pour la promotion qui vient, je vais jouer le rôle d'une salariée, car à cause du confinement l’équipe de Tours manquait de salariés bénévoles.
Pour cette session là qui va s'ouvrir, Kodiko a accepté qu'il y ait des personnes qui ne sont pas salariées qui fassent l'accompagnement.
Je connais différents domaines, je suis tourangelle donc je connais aussi un certain nombre d'entreprises, des centres de formation. Je n'ai plus de réseau professionnel car je suis à la retraite, mais je fais partie de plusieurs associations.
J'ai donc été deux fois konnectrice. Au niveau de l'accompagnement des binômes, ça varie en fonction de la personne salariée. Sur deux promotions, j'ai eu la même salariée qui était à la Société Générale. Finalement, elle était assez occupée. Il fallait, surtout à la deuxième session que je la relance. A un moment donné, elle ne pouvait pas recevoir la bénéficiaire assez tôt pour démarrer, et je l'ai donc reçue et je m'en suis occupé."

La situation était plus complexe avec cette dernière participante réfugiée: n'ayant pas vraiment arrêté son projet professionnel, il était difficile de l’orienter. La salariée akompagnatrice était moins familière avec le milieu de la puériculture qui intéressait la participante réfugiée.

Marie-José a donc repris la main de l’accompagnement avec une autre konnectrice de Kodiko, auparavant éducatrice de jeunes enfants.
Pour elle, le rôle d’akompagnatrice est à géométrie variable en fonction des gens qu’elle doit encadrer.

“L'intérêt du Konnecteur c'est qu'il peut donner des infos dans des secteurs que le salarié ne connaît pas: j'avais donné des informations sur les possibilités de formation que Viviane avait, dans les domaines tels que le secrétariat, toujours en mettant en copie la salariée pour qu'elle soit au courant.
Certains konnecteurs sont retraités et ont plus de temps, et ça permet aussi de chercher. Et j'adore chercher dans de nouveaux domaines.
Je pense que la définition du konnecteur a un peu évolué depuis le début de Kodiko. C'est ce que j'aime avec Kodiko: on ne s'assied pas sur une situation, on est tout le temps en mouvement.
Milena et Elvira [l’équipe de Tours] sont accrochées, quand il y a des difficultés elles ne lâchent pas le morceau, c'est ça aussi qui me plaît"

Pour elle, les moments les plus marquants sont évidemment liés au succès de Viviane dans sa recherche d’emploi, mais aussi aux journées de formation initiale, en début de promotion.

"J'ai bien aimé la JFI de la promotion #5, avec l’intervenant venu parler du statut de réfugié, et les prises de contact avec les bénéficiaires et les salariés.
La formule de la journée de lancement était très bien. Je sais que Lise, la salariée de la SNCF, a trouvé aussi que c'était bien, que c'était un bon départ.
Là ça va nous manquer parce cela va se fera par vidéo, mais bon, nous pourrons nous rattraper plus tard!”

Concernant la situation actuelle et le déconfinement, Marie-José prône la continuité des activités, tout en s’adaptant :

“Il faut faire au fur et à mesure, c'est bien d'ouvrir la nouvelle promotion, les gens étaient retenus et nous ne pouvons pas les laisser dans le lac.
Pour eux, tout ça, c'est encore plus étranger que pour nous, il y en a qui ont perdu le moral pendant le confinement.”

Pour elle, Kodiko permet d’avoir différents contacts, tout en vivant une expérience valorisante en sentant que nous aidons concrètement des personnes. Elle a de plus participé au recrutement des promotions, et aux ateliers.

En plus de cela, Marie-José considère que l’expérience, avant tout, “ouvre l’esprit et le cœur” :

“Avec Viviane, une véritable amitié s'est tissée, et il faut la prolonger.
J'ai une certaine admiration pour les parcours de certains et la manière dont ils résistent. D'ailleurs, J'ai participé à des séances de recrutement pour la promo #5, et ça m'a bien aidé aussi à comprendre les choses.
Souvent on me demande ce que je fais. Quand je dis que je m'occupe de Kodiko, une association qui s'occupe des réfugiés politiques pour qu'ils trouvent une formation qualifiante ou un métier, les gens n'ont pas du tout un regard de rejet.
Le problème en France, c'est qu'il faut les équivalences de diplômes, et ça très compliqué. La plupart du temps ils sont partis précipitamment et n'ont pas les diplômes, ils ne peuvent pas les récupérer.
Les manières de faire sont compliquées. Parfois il n'y a pas de solution, notamment pour les apprentissages: ils ont souvent plus de 25 ans, et ça suppose que les entreprises les paient 100% du SMIC. Les entreprises ne sont pas d'accord d'avoir un apprenti à 100% alors qu'elles peuvent en avoir à 75%...”

Marie-José garde contact avec certaines des rencontres effectuées via Kodiko :

"Une salariée avait demandé que pour la nouvelle session je sois la konnectrice, et ça s'est maintenu.
Les deux premières bénéficiaires que j'ai suivi se sont désintéressées de la promo Kodiko. Elles n'ont pas répondu aux sollicitations que nous pouvions leur faire. Quand vous rencontrez le silence après plusieurs tentatives vous ne poursuivez pas. Nous ne pouvons pas les harceler.

Viviane, a son travail maintenant, mais de temps en temps je lui envoie un petit mot, et puis fin juin je l'appellerai pour savoir comment ça se passe.
Nous lui avons quand même dit que nous étions toujours là pour savoir si tout allait bien."

Pour elle Kodiko rime avec une équipe dynamique, l’ouverture, et la motivation :

“Kodiko nous offre de multiples possibilités de participer: on peut être konnecteur, mais on peut aussi participer à des ateliers, par exemple le Job dating auquel j'ai participé une fois même à la dernière minute car une société avait fait défaillance, et les ateliers, qui permettent des contacts particuliers avec les bénéficiaires."

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